Un livre est une porte ouverte pour quelqu’un . J’ écris ce livre pour Ernest et Nola, afin qu’ils sachent mieux qui nous étions, Celie et Bernard, vos grand -parents, et quelles vies nous avons vécues. Dans ma vie j’ai d’abord été un aventurier des montagnes, puis j’ai rencontré Celie et j’ai vécu avec une fée qui rigole. Après 50 ans de vie commune, un cancer nous l’a emportée, mais ses rires résonnent encore dans ma tête. Je reste avec la physico chimie, amie fidèle, et nous partageons des rêves moléculaires.

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Un ivre est une porte ouverte pour quelqu’un . J’ écris ce livre pour Ernest et Nola, nos petits enfants, afin qu’ils sachent mieux qui nous étions, Celie et Bernard, leur grand -parents, et quelles vies nous avons vécues. Dans ma vie j’ai d’abord été un aventurier des montagnes, puis j’ai rencontré Celie et toute ma vie a changé. Après 50 années de vie commune, le cancer nous l’a emportée, mais ses éclats de rire sonnent encore dans ma tête. Il me reste la physico-chimie, amie fidèle et source constamment renouvelée d’aventures moleclzi$$$$—–dulzezs

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Dans ma vie j’ai vécu trois amours:

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1/. Mon rapport à la haute montagne.

Pourquoi aller en montagne plutôt que sur une plage de rêve ? Les bienfaits de la haute montagne

En réponse à la question « Pourquoi allez-vous dans les montagnes ? », Lionel Terray, qui fut un des meilleurs alpinistes français et auteur du livre Les conquérants de l’inutile répond « parce qu’elles sont là. » 

La sagesse populaire nous dit que « les gens heureux n’ont pas d’histoire », comme s’il n’y avait que deux voies possibles : la vie heureuse, mais banale ou le destin hors norme mais tragique. Pourtant, les alpinistes, qui ont chacun leur histoire personnelle qui s’inscrit dans une histoire collective. Peuvent-ils avoir un destin qui ne soit ni tragique ni banal ?  Peuvent-ils être heureux malgré tout ? Quelles sont leurs motivations ? Ces motivations sont-elles suffisantes pour passer du monde de l’utile, plutôt plat, au monde de l’inutile, où la norme est la verticale ?

Dans les pages qui suivent, je tente de décomposer tout ce qui se cache dans la réponse de Lionel Terray. Quand et comment les habitants des régions industrielles ont-ils commencé à regarder les montagnes comme quelque chose ayant une valeur en soi et pas seulement comme un obstacle entre Paris et Turin ?

Première motivation : le jeu. Poussés par l’ennui, ce sont des Anglais qui, au 19ème siècle, découvrent que la haute montagne est un terrain de jeu fantastique. Le proverbe nous le rappelle : « Toute la créativité humaine est le fruit de l’ennui ou de la nécessité ». Suivant l’exemple des Anglais et de leurs guides savoyards, les autres européens s’y sont mis à leur tour. Par la pratique de l’alpinisme, la haute montagne est devenue un parc où les pratiquants peuvent stimuler leurs corps tout en exerçant leur intuition et leur jugement sur l’itinéraire choisi. C’est un jeu dur, dangereux, mais qui donne des plaisirs et des joies à la mesure de l’engagement. Ces plaisirs sont renforcés par la sauvagerie de l’environnement. Pour certains, dont je fais partie, l’attrait de ce jeu est irrésistible. C’est un peu comme la chasse pour un chasseur ou la pêche pour un pêcheur. 

Deuxième motivation, issue de celle du jeu : la compétition. La haute montagne pousse à trouver et à repousser ses propres limites et à aller se confronter aux autres alpinistes comme pour chercher qui sera le mâle dominant de la tribu.

De mon temps, on rencontrait beaucoup moins de femmes que d’hommes pratiquant l’alpinisme, alors qu’il y avait inversement beaucoup plus de randonneuses que de randonneurs.  Je ne sais pas à quoi cela tient. Peut-être la prise de risque est-elle inconciliable avec les idéaux féminins. Ou bien c’est notre société qui décourage les femmes de quitter les domaines de la civilisation et de la domesticité.

La troisième est la recherche de notoriété. Mais c’est trop tard pour cela car tous les sommets supérieurs à 8 000 m d’altitude ont été gravis ainsi que les principaux pics. Il ne reste que quelques pics des massifs restés inexplorés dans les Alpes de Stauning au Groenland et quelques autres autour du glacier de Baltoro en Himalaya. Et qui se rappelle les noms des « vainqueurs » de telle ou telle montagne ? 

Une autre raison de pratiquer l’alpinisme est le sentiment qu’on y trouve de sa propre existence, soit le niveau zéro de la compétition avec soi-même. En revenant d’une sortie en montagne, je peux me dire « j’ai rêvé de ce sommet, j’ai lu la description des itinéraires, j’ai surmonté les difficultés et je l’ai gravi, donc j’existe ». Je sais ce que j’ai fait aujourd’hui et je peux en parler. 

On trouve par exemple, en haut de certains sommets, une boîte métallique contenant un livre d’or et un crayon. Ces livres d’or n’ont aucune autre fonction que de rassurer les vainqueurs successifs de cette montagne sur leur existence. Ils peuvent y inscrire leur nom, la date et les conditions de leur ascension.

Certains existent mieux s’ils ont gravi une montagne connue de tous, porteuse d’une histoire, comme le Cervin, plutôt que l’aiguille de Chambeyron, connue seulement des personnes qui aiment l’Ubaye. D’autres préféreront l’ambiance sauvage qu’ils ne trouveront que dans des montagnes peu accessibles. C’est mon cas et je l’ai mis en pratique lors de plusieurs aventures qui me sont restées en mémoire et que je compte ici.  

On peut enfin pratiquer la haute montagne en touriste. La motivation est alors à l’opposé du défi physique. Elle est davantage d’ordre esthétique. Il s’agit d’apprécier la luminosité, les paysages, les couleurs et les formes, qui n’ont pas d’équivalent ailleurs.  

On ne peut pourtant pas dire que les faces Nord de l’Eiger, des Grandes Jorasses ou du Cervin soient belles d’après ce critère. Quant aux images du Chomo Lungma (Everest) ou du Denali (Mac Kinley), elles ne font pas apparaître de caractéristique évidente permettant de déclarer que ces montagnes sont belles. Je dirais même que la spécificité des paysages réside en leur simplicité.  

Pour ma part, je n’apprécie la beauté d’une montagne que par cette tendance que l’on a tous à trouver belles les choses désirées. 

On touche à des questions auxquelles il est difficile de trouver une réponse universelle. Quelles sont les caractéristiques qui font que nous trouvons un certain paysage beau ? Pourrait-on définir et mesurer ces caractéristiques par un programme d’intelligence artificielle ?

Paradoxalement, le sommet, pour lequel on a déployé tant d’efforts, est généralement le point le moins intéressant. On s’y ennuie car il manque une tension, celle de savoir si on va pouvoir passer le prochain passage. C’est comme si le but apparent était atteint.

Les risques et dangers de la haute montagne 

Chaque erreur peut être fatale

      En montagne aucune décision n’est légère car les accidents sont souvent fatals. Tout ce qu’on peut faire est préventif, pas curatif.

       Il y a des dangers objectifs, indépendants de l’alpiniste.  De l’ordre de 5%, ce sont les chutes de pierres et de blocs de glace (séracs), qui sont devenues plus fréquentes à cause du réchauffement climatique. 

Les 95% restants sont des dangers subjectifs, associés aux actions de l’alpiniste : chute par perte du contact à la paroi, avalanches déclenchées par le passage des skieurs, chutes dans des crevasses, fatigue ou épuisement aggravés par les effets du froid et du vent. 

Le goût du risque est propre à beaucoup d’alpinistes. 

Tous ces dangers sont bien réels. Une statistique des accidents en montagne entre 2010 et 2020 compte 50 décès par an en moyenne pour la randonnée pédestre, 35 pour l’alpinisme, 18 pour la randonnée à skis ou en raquettes. 

Ces chiffres sont évidemment à diviser par la fréquentation. Il y a bien plus de randonneurs pédestres que d’alpinistes et bien plus de skieurs sur pistes que de randonneurs à skis.

Mais malgré les améliorations très importantes de l’équipement des alpinistes et des skieurs, la fréquence de chaque type d’accidents ne diminue pas. Ainsi, l’étude des décès par avalanche montre que les skieurs sont mieux équipés pour détecter des personnes ensevelies et qu’ils les retrouvent plus souvent par eux-mêmes. Pourtant le nombre de décès par avalanche ne diminue pas : la prise de risque est plus fréquente, compensant les effets de l’amélioration du matériel. On se dit sans doute « Mon matériel est meilleur, je peux prendre plus de risques ».  

On fait maintenant des airbags portés sur les épaules qui maintiennent les skieurs à la surface de l’avalanche. Mais les skieurs équipés de ces airbags seront tentés d’ignorer l’instabilité des pentes qu’ils traversent…

Des évolutions spectaculaires ont transformé les vêtements des alpinistes. Mes oncles partaient en haute montagne avec des vestes de tweed et des chaussures en cuir. Depuis, on a énormément gagné sur le poids et sur l’isolation thermique des chaussures et des vêtements. Les grimpeurs peuvent camper accrochés sur une paroi quasiment verticale. 

Les techniques de progression ne sont plus les mêmes. On n’imagine plus les guides taillant des marches dans la glace pour leurs clients. Les uns comme les autres ont des piolets raccourcis qui s’ancrent dans la glace quand on tire dessus. 

On joue toujours le jeu de la haute montagne, celui du risque, mais on le fait avec un bien meilleur équipement.

Il faudrait analyser la prise de risque pour progresser 

      Si on veut arriver à réduire cette prise de risque, il faut s’y intéresser.  Elle est le produit de trois facteurs.

Le premier facteur est lié à notre éveil dans la montagne. Cette pente est-elle propice aux avalanches ? Ce glacier pourrait-il contenir quelques crevasses ? Ces corniches sont-elles susceptibles de s’écrouler ? 

Cette prise de conscience dépend de l’attention que nous portons à ce qui est autour de nous (amis rêveurs, réveillez-vous !) 

      Le second facteur comprend les mesures qu’on peut prendre pour réduire le risque. En montagne, mettre le casque, s’encorder, surveiller constamment la corde et le compagnon de cordée. Sur la neige, aller assez vite pour passer avant que le soleil ait ramolli la neige.

       Le troisième facteur est le processus de décision. Pour démêler ce processus complexe il faut faire un peu de psychologie et apprendre à se connaître. J’y reviendrai. 


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