11. Scolarité et départs des enfants.

Scolarité et choix d’Alice

Collège : notes en maths et défi à ma barbe. 

Alice est dans sa dernière année de collège et je me fais du souci à cause de ses mauvaises notes en mathématiques. A l’époque, je pense que quand elles entrent dans l’adolescence, les filles sécrètent des hormones qui les empêchent de concentrer leur attention sur des sujets abstraits et que c’est la cause de ses échecs. 

Quand elle me dit « je n’y comprends rien » j’entends « je n’ai aucune motivation pour parler ce langage inadapté à ce que je ressens ». 

En effet le professeur est bon pédagogue et notre fille est intelligente. Je me dis qu’on doit pouvoir faire quelque chose pour éviter de gaspiller toutes ces heures de cours assénées alors qu’elle n’écoute pas.

Un jour, je lui propose le pari suivant : si tu obtiens un « A » à ton prochain devoir sur table, alors je me rase la barbe (barbe que je porte fièrement depuis de nombreuses années). Il me faut quelques efforts bien réfléchis pour convaincre Alice d’accepter mon pari. Sa motivation principale réside dans la fierté qu’elle aurait devant ses copines à pouvoir dire « il a fait cela juste pour moi. » 

Une fois le pari accepté et contractualisé par écrit, je remarque qu’ Alice met tout en œuvre pour le gagner. Elle se met à écouter son professeur de maths et elle décroche le fameux « A » à l’évaluation suivante. 

Je suis donc contraint d’observer ma part du contrat et me voilà bon pour me raser. 

Le point positif c’est que l’effet semble durable, sa perception des mathématiques semble avoir un peu changé. Quant à moi, ma barbe a vite repoussé, mais elle est devenue poivre et sel. 

Bac littéraire

Alice s’ennuie. Elle a choisi de faire ses études secondaires au lycée Victor Duruy. C’est un bon lycée, très marqué par l’influence de couches sociales supérieures avec lesquelles nous ne nous mélangeons pas beaucoup. Elle ne participe pas aux rallyes, elle se sent snobée alors qu’elle espérait être accueillie à bras ouverts, elle veut partir. Sur son livret scolaire, présenté pour le jury du baccalauréat, il y a la phrase suivante « Devra faire ses preuves à l’examen ».  Elle fait ses preuves : elle passe le Bac avec une note moyenne de 14/20 qui lui vaut la mention « Bien »

Fac de droit à Assas et poursuite dans l’humanitaire

Alice se fait encore appeler Alice et elle entre à la faculté de droit de Paris – Assas, où elle apprécie une ambiance plus ouverte qu’au lycée. Elle passe quelques mois à Munich dans un échange franco-allemand et termine son cursus de droit avec un double diplôme français-allemand. 

Je lui demande alors : « Que veux-tu faire maintenant ? » Je m’attends à ce qu’elle réponde « Du droit de la propriété intellectuelle ». Mais elle me répond : « Le droit, ça m’ennuie, ce que je veux faire, c’est sauver des enfants ». Je traduis : de l’action humanitaire. 

Les grandes organisations humanitaires ne prennent pas de débutants, il faut avoir bénéficié d’une expérience dans une organisation locale. Mais les organisations locales sont souvent minées par la corruption, car leurs administrateurs sont des intermédiaires entre des donateurs, dans des pays riches, et des bénéficiaires, dans des pays pauvres. Il faut aller voir sur place quelle est la réalité.

De plus Alice souhaite que cela soit un pays hispanisant car elle est revenue enchantée d’un séjour qu’elle à Salamanque, en Espagne. Mais les travailleurs sociaux rattachés à des organismes français sont mal vus, les Espagnols ne veulent pas être sauvés par des Français. 

Elle tente aussi de trouver des missions vers d’autres pays hispanisants comme le Chili mais sans succès. Reste le Pérou, grand pays très pauvre, où les besoins sont évidents. Alice-Olivia trouve un contact dans la banlieue de Lima, la capitale. 

Je lui rappelle que les banlieues des grandes villes Sud-Américaines sont des endroits abominablement dangereux et je lui conseille d’aller plutôt à Cuzco, l’ancienne capitale de l’empire Inca, dans les montagnes à 3 000 m d’altitude. 

Alice part alors pour Cuzco, où elle loue une petite maison en ville, et prend contact avec un orphelinat. Elle y enseigne l’anglais à de jeunes orphelins, afin qu’ils puissent mieux communiquer avec les touristes anglophones. Elle construit un tableau d’affichage électronique qui permet de regrouper des enfants dont les frères et sœurs sont dans des orphelinats d’autres provinces. 

Elle s’implique dans un projet de de rénovation monté par un village, et se rend compte que les seuls fonds disponibles sont les siens. 

      Après une année passée à Cuzco, elle conclut que pour sauver les enfants du monde, il faut de l’argent. 

Alice à l’embarquement, 2007

A New-York, environ trois ans après sa fin de scolarité.

Alice, qui a décidé de se faire appeler Olivia, se trouve un petit logement à New-York et elle dit : « je vais faire du net working » . Cela consiste, dans son cas, à trouver des avocats d’affaires français ayant besoin de contact aux Etats-Unis et à les mettre en relation avec des avocats américains afin qu’ils fassent du business ensemble. Elle veut essayer de se construire un réseau. 

Mais cela ne fonctionne pas très bien, l’activité ne décolle pas.

Promouvoir sa personnalité.

Olivia reste comme traumatisée par sa tentative échouée de faire sponsoriser un village péruvien. Elle sait qu’il faut trouver de l’argent pour réaliser ses projets et pour cela, elle compte sur son charisme. Elle espère qu’elle saura convaincre des grandes entreprises de faire du mécénat.

Mais elle s’aperçoit que pour être plus convaincante, il faut un CV de communication et non un CV de juriste. 

Pour contrer cet obstacle, elle cherche à se faire connaître par la publication d’un petit livre qui s’adresse à des jeunes qui ne savent pas se présenter et se construire une image leur permettant de se faire recruter. Elle leur donne tout un tas de conseils très censés dans cet ouvrage, intitulé The Pocket Guide to Becoming a superstar in your field et qu’elle sort en auto-publication, sous le nom d’ Olivia Fox Cabane.

      Elle galère ensuite cinq ou six ans mais ces années difficiles financièrement lui permettent en même temps de nourrir sa réflexion et de sortir un modèle très personnel des relations au sein des entreprises. Elle écrit une version révisée de son premier livre. Le 04/04/2013 elle publie The Charisma myth aux éditions Penguin, qui devient un succès mondial.

      Elle a promu sa personnalité. Mais elle est déçue par les hommes new-yorkais : quand un businessman réussit, il monte s’installer à New-York, se loue un beau bureau et fait venir sa copine. Trois ou quatre ans plus tard, soit le business a marché et ils déménagent dans plus grand, soit il ne peut plus entretenir sa copine. Les fortunes des jeunes filles à NY dépendant de sa capacité à retenir les jeunes hommes. 

Ce schéma ne lui convient pas. Elle trouve des businessmen mais pas un amoureux. 

Départ d’Olivia pour la Silicon Valley

      Elle décide de partir chercher l’homme de sa vie parmi les nerds de la Silicon Valley parce qu’elle pense que ce type d’homme lui correspondrait mieux. Elle en trouve en effet plusieurs qui plaisent, mais ils sont tous déjà en couple. 

      Elle gagne beaucoup d’argent avec son livre. Elle se laisse convaincre par un agent immobilier de louer un penthouse sur le toit d’un bel immeuble de San Francisco. Elle n’y reste pas longtemps car c’est trop cher et elle achète à crédit une grande maison à Pacifica, un endroit assez romantique qui lui convient bien. C’est en montagne, c’est sauvage. Pour aller d’une partie de son grand terrain, à l’autre, il faut construire un pont. Il y a aussi deux ruisseaux se rejoignent sur son terrain. Elle fait venir un horticulteur pour s’occuper des plantes et ils se mettent en couple. Elle épouse Brian lors d’un voyage en France quelques années plus tard.

Guillaume

Débuts de scolarité difficiles

      Au début de sa scolarité, Guillaume est un cycliste précoce mais élève moyen, sinon médiocre. Depuis l’école Maternelle, chaque année son enseignant nous dit : « L’année prochaine il aura beaucoup de mal » et nous anticipons qu’il n’y arrivera pas. 

      Quand nous apprenons qu’il est affecté au pire lycée du quartier, Célie et moi l’inscrivons dans un collège privé vers Port-Royal. Il y passe ses quatre années de collégien. Il s’oppose à l’administration du collège à plusieurs reprises. En fin de 5e, son bulletin de fin d’année mentionne qu’il profite des alertes incendies pour aller dans la boulangerie d’en face. 

Un lycéen entreprenant en informatique

      Revenu dans un lycée public du 13ème arrondissement de Paris, à Victor Duruy, il bénéficie d’une ambiance plus studieuse car dans ce quartier à majorité chinoise, les élèves travaillent. Il a aussi de très bons professeurs, en particulier en économie (en classe de Première) et en mathématiques (en Terminale).

C’est l’époque où arrivent les premiers ordinateurs personnels : Apple II, PC, puis MAC.  Au labo d’Orsay j’utilise un Apple II et à l’hôpital mon frère Jean utilise un MAC. J’achète un MAC pour la maison. 

      Guillaume trouve quelques jeux, mais beaucoup moins que ses camarades, qui ont un PC. Il est frustré par cette situation. Avec quelques camarades dans le même cas, il forme un groupe qui recherche et évalue tous les jeux qui fonctionnent sur MAC. Ce groupe est actif, bien connu des internautes, enregistré avec une adresse e-mail : JEUXMAC.COM. Il publie sur la toile une lettre périodique avec l’évaluation des nouveautés du mois. Les membres du groupe s’organisent selon les compétences de de chacun. On y trouve des journalistes, un codeur et un directeur de la rédaction. 

Quand Apple-France organise APPLEXPO, une grande foire du MAC à Paris, JEUXMAC.COM tient un stand où les visiteurs peuvent décompresser en essayant de nouveaux jeux. 

Le départ d’Apple-France pour la Grande Bretagne porte un coup fatal à jeuxmac.com

École Supérieure de Commerce, l’EPSI.

    Quelques années plus tard, Guillaume intègre une École Supérieure de Commerce. J’aurais préféré qu’il fasse une plus grande école, telle que l’ ESSEC. 

      La meilleure chose qu’il lui soit arrivée à l’EPSI est sa rencontre avec Marine, une étudiante qui deviendra sa femme et la mère de leurs deux enfants. Pourtant au début de leur relation, elle est venue voir me demandant à transformer la chambre de Guillaume en un nid d’amour. J’ai refusé, répondant que c’était à guillaume de décider s’il voulait s’engager dans une histoire aussi fusionnelle. Cette histoire a créé une tension entre Marine et Célie. Heureusement que Marine ne s’est pas découragée de cet accueil un peu brutal.

      Dans cette école, ils avaient des profs tout à fait moyens mais Guillaume avait un projet pour câbler avait remarqué que le système informatique de l’école était obsolète et peu performant. Il fait un projet pour le remplacer par un système plus moderne, plus performant et moins cher, ce qui n’a pas plu aux créateurs du système existant. L’EPSI est donc restée avec son ancien système. 

Premier emploi chez Apple.

      A l’EPSI, il doit faire un stage en entreprise. Il téléphone à ses contacts chez jeuxmac.com et obtient un stage avec un commercial expérimenté, Jean-Pierre Gianetti Entre eux, la relation maître – apprenti est très forte et Guillaume apprend toutes les règles et pratiques qui font la force d’un très bon commercial. 

      Il enchaîne les stages dans l’équipe de J.P. Gianetti avec qui il a une relation presque filiale. Après son troisième stage il est embauché par Apple. 

On pourrait donc dire qu’il a eu son premier emploi grâce aux jeux vidéo.