Carnet de voyages : 2003 – 2010
Ressourcement en Ecosse
Alice nous a inscrits Célie et moi, à un stage en Ecosse sur les thèmes « adaptation à la vie d’un groupe » et « ressourcement et transformation ». Mes souvenirs du stage sont approximatifs. Les stagiaires sont hébergés dans un château géré par une communauté basée sur deux mythes fondateurs : l’échange de messages avec la divinité et la croissance de légumes géants dans les potagers (« géant » ne voulant pas dire « bon »). Aux repas on sert de la nourriture végétarienne.
Le matin les stagiaires vont ensemble au potager où ils prennent le café avec les encadrants et les membres permanents de la fondation. Après le café on répartit les tâches. Les stagiaires forment un grand cercle en se tenant par la main, le responsable liste les tâches et les attribue sur la base d’un volontariat fortement encouragé.
Je trouve que cette façon de démarrer la journée est très efficace pour que chacun se sente appartenir au groupe et y trouve sa place. C’est en tout cas mieux que le début de journée dans les grandes entreprises où chacun se précipite en arrivant sur son ordinateur pour lire sa messagerie et où personne ne prend en charge les aspects plus collectifs du travail.
Je me retrouve à désherber un carré du potager avec une stagiaire dont l’occupation principale est d’enseigner la philosophie. J’aime discuter avec les philosophes. Mais voilà qu’arrive la responsable de cette partie du potager qui nous demande « Où avez-vous travaillé ? Je ne vois pas de différence entre les endroits où vous avez désherbé et ceux où vous n’êtes pas encore passés. Concentrez-vous ! » Elle a raison, notre désherbage manuel laisse à désirer.
A la pause, les conversations vont bon train. Une encadrante s’adresse à l’un des anciens et lui annonce : « George, nous te nommons chevalier de l’ordre de la Courgette Géante et de celui du Concombre Gigantesque ».
Une discussion s’engage sur le partage de la personnalité en plusieurs sous-personnalités. Cela rappelle la division cerveau gauche / cerveau droit, mais elle est remplacée par la séparation homme civilisé / animal égoïste. Nous aurions tous en nous une sous-personnalité qui réagit comme le ferait un animal mais nous la cachons. Le valeureux chevalier affirme que lorsqu’il fait l’amour il est 100 % égoïste. J’attends avec curiosité la suite de cette discussion, mais elle est interrompue par la fin de la pause.
Un peu plus loin, au-delà du potager, il y a une grande serre, où poussent les légumes géants. La question à l’ordre du jour est leur projet de dupliquer cette serre. Ils ont prévu d’utiliser une machine (bulldozer ou équivalent) pour aplanir le sol à l’endroit où ils veulent installer la serre. Mais le passage de l’engin va modifier l’état des ions dans le sol. Ils se demandent si cette perturbation pourrait altérer les forces à l’origine de la croissance de leurs légumes géants. Ils craignent de perdre le miracle qui les fait vivre. Ils se demandent également combien de temps il faudrait attendre pour que les ions retrouvent leur état naturel. Un consensus semble émerger, selon lequel les ions sont considérés comme remélangés après avoir diffusé sur une distance de 1 mètre. Mais combien de temps faut-il à un ion dans l’eau pour parcourir 1 m par diffusion ? Au mieux les ions diffuseront comme les molécules dans l’eau liquide. La loi de la diffusion dans un liquide est : x2 = 2 Dt où x est la distance parcourue et D est un coefficient de diffusion. Les coefficients de diffusion dans les liquides sont touts petits, on peut prendre D = 1 x 10-10 M2S-1, la distance parcourue sera très petite, elle aussi : après 1 heure = 3600 s les ions auront parcouru 2 x D x t = 2 x 1 x 10-10 x 3600 m.
J’écoute avec attention leur conversation et je décide à ce moment-là de commenter leur conclusion. Si ce sont des mètres, et qu’il y en a 10-1, alors c’est vraiment très peu. Si la distance parcourue en une heure est exprimée en micromètres, elle vaut : x = 0.72µm. Donc il faudrait attendre des milliers d’années pour que les ions se mélangent par diffusion jusqu’à des distances de l’ordre du mètre.
Cette réponse ne soulève pas l’enthousiasme, mais les lois de la diffusion sont implacables. Je pense qu’il serait plus facile de résoudre cette question en sens inverse, en commençant par supposer que le passage de la machine n’altère pas l’état des ions puis vérifier l’innocuité du passage de la machine, en faisant deux essais comparatifs sur des petites parcelles pour voir si elles produisent encore des légumes géants à la même fréquence.
La semaine est affichée « jeux de resourcement et de transformation, adaptation à la vie en groupe » et nous pratiquons des jeux de groupe dans lesquels nous faisons attention à nos interactions. C’est divertissant. Le plus amusant pour moi, c’est de découvrir des visions du monde dans lesquelles se sont accumulées des explications complexes à des phénomènes physiques simples. Par exemple, lorsqu’on manipule de l’eau à grande échelle, on crée facilement des tourbillons qui mettent longtemps à s’amortir. Les membres de la communauté ont conclu de l’observation de ces tourbillons que l’eau peut exister dans deux états : une eau « vivante », dans laquelle subsistent des mouvements hydrodynamiques, et une eau stagnante, « morte » où ne subsistent que des mouvements diffusifs. Bien sûr, l’eau « vivante » est supposée meilleure pour notre santé que l’eau « morte ». Je leur suggère qu’on pourrait avantageusement optimiser la fraction d’eau « vivante » en ajoutant aux becs verseurs de toutes les théières et cafetières des petits embouts hélicoïdaux, mais cette suggestion ne plait pas à tous.
Dans des conversations privées, certains membres de la communauté nous racontent leurs histoires. Beaucoup sont venus ici après avoir été chamboulés par la perte d’un emploi ou d’un partenaire. Ils ont alors empilé dans leur voiture tout ce qu’ils possédaient et ont pris la route pour l’Ecosse. Ils trouvent ici du réconfort, auprès des membres arrivés avant eux. Ils gagnent leur nourriture et leur hébergement contre leur participation active à la production du potager.
Mais comment peuvent-ils faire réparer ou entretenir leur voiture, comment payer le carburant ? Avec quel argent pourraient-ils payer le repas dont ils rêvent au restaurant du port ? Ils n’ont plus aucun moyen de gagner de l’argent et il n’y a aucun emploi vacant dans cette partie de l’Ecosse.
Le principal revenu de la communauté vient du revenu des stages payants organisés et faisant venir des gens extérieur, tels que Célie et moi. Les membres de la communauté qui ne sont pas capables d’animer un stage se sentent pris dans une spirale descendante car plus ils y restent, plus leur pécule initial diminue.
Quelqu’un nous dit que la communauté comprend deux groupes. La minorité domine car elle contrôle le contenu des stages et le budget, paye pour la production de nourriture et l’entretien du château. La majorité est formée de tous les membres dont les compétences ne correspondent pas à un besoin évident de la communauté, et qui ne sont pas capables d’animer un stage. Ceux-là n’ont d’autre issue que de mendier un travail d’entretien pour justifier leur pension.
Nos dernières randonnées
En 2003 Alice et Guillaume ont quitté le domicile familial, nous recommençons à randonner dans les Alpes, après une longue interruption d’environ vingt ans. Pendant quelques années nous organisons des randonnées pédestres partant de Saint-Véran, plus haute commune de France, passant les cols de la chaîne frontière et continuant par les vallées italiennes. Quand j’appelle les refuges afin de réserver un gite pour dix personnes et que je propose d’envoyer un chèque pour assurer la réservation, je suis surpris que mes interlocuteurs me demandent toujours avec insistance de bien les rappeler dans le cas où je serais amené à changer mes dates. Je pense que la raison est que dans une petite communauté dont tous les membres se connaissent, la parole donnée vaut un engagement moral, et le chèque de caution est une paperasserie inutile.
A Saint-Véran, nous visitons la rue principale du village. En levant les yeux, nous apercevons les toits des maisons dont la particularité est d’avancer loin au-dessus de la rue en raison de greniers gigantesques au dernier étage. En effet, les constructeurs ne manquaient pas de bois, en revanche les hivers sont longs et le grenier l’unique ressource pour survivre.
Mais ces structures favorisent la propagation des incendies, surtout lorsque les greniers sont remplis de foin. Pour limiter ce risque, le village se divise en quartiers séparés par des coupe feux.
Quand on passe la frontière, le paysage est radicalement et subitement différent, ce qui crée la surprise. Quand on descend sur Chianale, première bourgade italienne, on passe des maisons tout en bois et très élevées (côté français) à des maisons basses (pas plus d’un étage) et tout en pierre, côté italien. Les toits sont faits de pierres plates, des ardoises, qu’on appelle des lauzes, de dimensions typiques 0,05 x 0,4 x 0,5 m. Chacune de ces pierres doit peser plus de 100 Kg, leur manipulation sur un toit nécessite l’emploi de palans. Elles sont supportées par des poutres grosses comme des mâts de navires. Les lauzes du toit sont simplement posées sur les chevrons avec un recouvrement des rangées successives. Cette technique doit garantir l’écoulement de l’eau le long du toit sans qu’elle ne s’infiltre à travers.
J’ai trouvé très astucieux la fabrication de ces toits en lauzes. D’abord parce qu’ils protègent de l’eau, même en cas de pluies très fortes tout en laissant passer l’air, ce qui évite les problèmes de moisissure. Ensuite parce que la pente du toit vise le juste compromis : si elle est trop faible, l’eau traverse, si elle est trop forte, les lauzes glissent et tombent du toit. De plus, il faut qu’il puisse résister, en hiver, au poids de la neige, en automne, aux forces d’arrachement exercées par le vent. Enfin, ce type de toit peut être démonté et les lauzes sont alors réutilisables.
On peut imaginer que l’optimisation des propriétés des toits était le privilège d’une corporation, avec son savoir-faire, ses fournisseurs et ses secrets bien gardés. Il n’est pas facile de trouver dix poutres au format « mât de navire », ni dix tonnes de lauzes.
Il me semble que de telles compétences ne peuvent s’être transmises au fil du temps que grâce à des ressources suffisantes, car il faut déjà que la survie puisse s’être organisée. Agriculture, élevage, extraction de minéraux et assistance au passage des cols, ces populations des Alpes ont investi sur le très long terme. De plus, ils ont organisé leur société de sorte qu’il y ait une spécialisation de la main d’œuvre en différents métiers, afin de ne pas avoir à faire tout soi-même.
Il y a des documents historiques qui attestent la valeur de ces ressources. Par exemple, en 1 343, les communes proches de Briançon et Oulx ont racheté au Dauphin (leur suzerain, à court d’argent) l’ensemble de leurs impôts et droits féodaux en payant immédiatement la somme de 12 000 florins-or et en garantissant une rente perpétuelle annuelle de 4 000 ducats. Il y avait donc une production de richesses suffisante pour justifier la construction récurrente de toitures en lauzes.
On aurait pu attendre que les populations alpines soient plus pauvres et moins instruites que celles vivant à basse altitude, à cause des conditions climatiques plus rudes en montagne. Mais des études ultérieures ont montré qu’ils étaient plus riches et mieux instruits que des populations comparables vivant en plaine. Les éleveurs étaient riches, on s’en doute. Je suppose que l’assistance aux nombreux voyageurs qui désiraient passer les cols des Alpes a pu constituer une source de revenus récurrents pour les passeurs. Enfin la vente de matériaux extraits des mines qu’on trouve à plusieurs endroits des Alpes a pu ramener de l’argent.
Mais j’émets une restriction quant à tous ces avantages des populations montagnardes sur celles des plaines, c’est qu’ils ne sont valables tant qu’il n’y a pas la guerre. En effet, les Vaudois qui habitaient des vallées voisines, ont été pourchassés, massacrés et contraints d’émigrer en Suisse et en Allemagne. Quand on lit les récits des tribulations et malheurs des Vaudois, on ne peut qu’admirer la perspicacité des Briançonnais qui ont acheté la paix civile plus le droit de lever leurs impôts et d’en répartir le produit suivant les besoins par un accord signé en 1343 et périodiquement renouvelé jusqu’en 1789. Cet accord donnait aux habitants des Escartons un statut semblable à celui de francs bourgeois et constituait la base juridique d’une espèce d’autogestion à l’échelle des Escartons. Pour vivre heureux, vivons cachés : telle semble avoir été la devise des habitants du Briançonnais.
Les lacs de montagne
A l’été 2006, c’est la canicule, l’air dans les vallées est étouffant. Célie et moi faisons une randonnée en Ubaye qui nous semble interminable. Un peu avant le refuge de Chambeyron, à 2 500 m d’altitude, le chemin longe un lac de montagne, alimenté par la fonte des neiges dites éternelles, qui ne le sont pas. Nous nous déshabillons et nous entrons dans l’eau du lac qui n’est pas froide jusqu’à environ 50 cm de profondeur. En nageant à travers le lac, nous avons une impression de pureté, un peu artificielle mais bien agréable quand même. Le lendemain, en montant au col de la Gypière (près de 3 000m), Célie trouve un autre lac qui se révèle propice à une nouvelle baignade. Il est alimenté par un banc de neige bien propre, qui fond lentement. Là aussi il y a un gradient thermique très important entre l’eau des profondeurs, qui est proche de 0°C, et l’eau superficielle, dans laquelle Célie se baigne avec volupté.
Clair de lune sur le pont du ferry
Bien des années plus tard, nous revenons de Berlin (Allemagne), à Malmö (Suède). Le wagon-lit du train nous attend paisiblement au départ, en bas de la gare centrale. Après un bref trajet jusqu’à Rostock, les wagons sont chargés et attachés sur le pont inférieur d’un ferry.
Une fois sur le ferry, la plupart des automobilistes s’occupent à dépenser leur argent en jouant sur les machines à sous et en buvant des bières.
Célie et moi montons sur le pont supérieur, qui est presque désert, car l’attrait des jeux de hasard des étages inférieurs est plus fort. Seuls quelques routards se sont installés dehors sur leurs matelas. Cela nous semble être une bonne idée et nous redescendons au niveau du train pour faire une razzia sur les couvertures de notre compartiment. Nous remontons nous installer sur le pont supérieur où nous improvisons un bivouac à l’abri du vent. La lune, notre amie fidèle, est au rendez-vous. C’est facile d’être romantique dans ces conditions. Le jour se lève en même temps que le ferry arrive à Trelleborg en Suède.
A Besse en Oisans 2018
Randonnée pour les vieux aussi
Celie et moi à la mine de lauzes (ardoises) lors de notre séjour
Avec Odile et Christian Pichot à Besse en Oisans.
France- Italie par la Savoie
On emploie souvent des consultants pour des taches impossibles, comme prédire l’avenir à long terme. Il n’est pas surprenant que les erreurs de prédiction soient énormes car nous ne sommes que des humains et les humains ne savent pas prédire l’avenir. Mais certains font semblant, en faisant passer des extrapolations linéaires sur des graphes à deux dimensions pour des prédictions.
Cela dit, l’absence d’un bon consultant peut mener à une issue catastrophique pour les investisseurs d’une entreprise, comme le montre cette histoire du chemin de fer du Mont Cenis, qui m’a été racontée au centre de vacances du CNRS à Aussois, en Savoie.
Jusqu’en 1800, on ne peut franchir les Alpes qu’à pied, à dos de mulet, ou en chaise à porteurs. Napoléon 1er fait construire la route du Simplon entre 1801 et 1807 puis celle du Mont-Cenis de 1803 à 1810. Mais sur ces routes, on circule toujours en chaises à porteur.
Après l’invention des chemins de fer, ce n’est qu’avec bien des hésitations que l’on se décide à tracer des routes au travers des montagnes. Le premier projet de grand tunnel sous la crête des Alpes est celui du Mont-Cenis, il doit permettre de raccorder les réseaux ferroviaires français et italien. Un accord franco-italien est trouvé pour accélérer la construction d’une ligne de chemin de fer entre Saint-Michel de Maurienne (en France) et Bardonnèche (en Italie). En avril 1862, la ligne arrive à la gare de Saint-Michel-de-Maurienne, mais au-delà, c’est par diligence ou par calèche que s’opère le voyage en direction de l’Italie. En 1863, ce sont 40 000 voyageurs et 22 000 tonnes de marchandises qui transitent ainsi par le col. C’est une manne financière pour les compagnies de diligences, mais des frais importants pour les voyageurs et les expéditeurs.
Le percement du tunnel ferroviaire du Fréjus, entre Modane et Bardonnèche (12 km), commence en 1857. L’avancement est très lent car il s’effectue ” à la main”, c’est-à-dire en creusant avec des barres à mine les trous où l’on place les explosifs. A la fin de l’année, seuls 30 m du côté italien et de 10 m du côté français ont été creusés. Après six années de travaux, on n’a avancé que de 1 646 mètres, iI en reste 10 587 à creuser. En comptant sur un avancement de seulement 100 m par an, on peut extrapoler que la durée des travaux pourrait être supérieure à 100 ans. Certains prévoient déjà un « fiasco colossal », notamment du côté français.
Cette lenteur des travaux amène deux Anglais, l’homme d’affaires Brassey et l’ingénieur Fell à proposer à l’Empereur Napoléon III de construire une ligne de chemin de fer sur la route entre Saint-Michel et Suze, qui passerait par le col du Mont-Cenis, à 2 600m d’altitude, sans avoir à percer de tunnel. Pour cela, ils utiliseraient une locomotive à trois rails, selon le système breveté par Fell, qui a déjà fait ses preuves pour franchir des pentes fortes et des courbes très serrées.
Mr Brassey compte amortir l’investissement sur une période de sept ans d’exploitation, ce qui semble offrir un gain raisonnable, compte tenu de la lenteur avec laquelle avance le percement du tunnel. Les gains sur trente ans seraient fabuleux. Les travaux de pose des rails commencent en février 1866. Sur le versant italien, le plus abrupt, de nombreux tunnels à une seule voie sont percés. La ligne est mise en service seize mois plus tard, le 15 juin 1868. La voie à trois rails est longue de 80 km et comporte neuf gares. Le train peut transporter quarante-huit voyageurs et des marchandises à la vitesse de 25 km/h à la montée et de 17 km/h à la descente. Le trajet de Saint-Michel à Suze dure cinq heures, c’est un gain de temps et de confort appréciables par rapport aux diligences.
Mais l’exploitation du chemin de fer Fell cesse au bout de trois ans seulement, car les travaux de percement du tunnel du Fréjus se sont accélérés. Les outils manuels (marteau et barre à mine) ont été avantageusement remplacés par des perforatrices à air comprimé, une invention de l’ingénieur milanais Giovanni Battista Piatti, mise en œuvre par Germain Sommeiller, l’ingénieur en chef des travaux du tunnel.
L’inauguration du tunnel a lieu plus tôt que prévu, le 1er mars 1871, ce qui conduit à la ruine des investisseurs du chemin de fer Fell. L’erreur de prédiction sur le temps nécessaire à percer ce tunnel (14 ans au lieu de 30 ans) est un exemple de ce qu’un bon consultant aurait dû anticiper (l’évolution des technologies).
Rêves du rhinocéros gris 2002 – 2015
Dans nos vies, nous avons rencontré toutes sortes de bêtes féroces. On distingue habituellement les cygnes et les rhinocéros. Un cygne noir est un événement rare, qui prend presque tout le monde par surprise. Un rhinocéros gris est un évènement attendu, désastreux par ses conséquences, et contre lequel il est difficile de se protéger. Le cancer du sein que nous avons découvert en 2002 était un rhinocéros gris : nous l’avons pourchassé une première fois en 2002 par la chirurgie et 3 ans de traitements, il est revenu plus costaud en 2013, et depuis nous n’avons fait que le tenir à distance par des traitements toujours plus agressifs. En 2023 il avait notre adresse sur sa liste de visites.
Nos amis qui ont encore des ailes ont essayé de le soulever. Il est de plus en plus lourd et il va de plus en plus vite. Va-t-il nous écraser ?
Réponse de Celie à cette idée du rhinocéros gris, en janvier 2018
« Je suis reconnaissante à tous mes amis, collègues, enseignants, qui ont rendu cette année plus légère pour moi. Ceci est une carte selon la tradition de St Valentin, destinée à toutes les personnes que nous souhaitons revoir cette année. Nous n’avons pas beaucoup communiqué ces dernières années par la faute de quelques « rhinos gris ». Un « rhino gris » est une attaque prévisible, de haute probabilité, mais qui prend quand même ses victimes par surprise, comme le vieillissement.
Alors nous voici, espérant partager des bons moments entre les charges du rhinos pris par la passion que nous inspire notre travail mais appréciant la vie et interagissant avec nos amis et notre famille. Tout ce que nous aimons faire.»