09 : L’arrivée d’Alice, son enfance.

1979 : Arrivée d’Alice.

Naissance d’Alice à la clinique des Lilas        

      En 1979 à la Clinique des Lilas, les femmes accouchent en utilisant la méthode d’accouchement sans douleur Lamaze. Je me souviens des séances de préparation à l’accouchement, animées par une sage-femme ou par un kinésithérapeute. Nous apprenons à utiliser notre souffle pour faciliter la relaxation du corps.

A l’une de ces séances, nous voyons arriver une femme qui, bien qu’étant à un stade avancé de sa grossesse, marche aussi agilement qu’un léopard.

A cette époque je souffre de douleurs dans mon dos, je marche mal et je prends des médicaments contre la douleur. Les séances de préparation à l’accouchement me persuade qu’il faut essayer des méthodes de relaxation supervisées par un kinésithérapeute.

       Lorsque l’accouchement survient, nous sommes bien préparés. Les contractions débutent vers 18h et l’ambulance doit faire le tour de Paris pour arriver à la Clinique des Lilas. Célie travaille toute la nuit et Alice arrive vers 10 heures du matin, le 30 mars 1979.

                      Contractions

Trois semaines près de Grenoble avec le bébé.

Après la naissance d’Alice nous passons trois semaines dans un gite situé en moyenne montagne sur le plateau du Trièves, près de Grenoble. Nous faisons de belles randonnées en portant Alice dans un porte-bébé en tissu porté sur le dos et tout le matériel (eau, poudre de lait, biberons et réchauffeur de biberons, couches et lingerie, nourriture) dans un autre sac à dos. Les balancements de la marche endorment Alice avec un effet immédiat et durable ; les seules interruptions sont celles dues aux besoins physiologiques.

Certains jours je descends à Grenoble par le train, pour travailler avec mes collègues de l’Institut Laue-Langevin, puis je retrouve avec bonheur Célie et Alice en rentrant par le train du soir.

Les débuts de la vie à trois : le bébé qui ne veut pas dormir.

De retour à Paris, il faut bien reprendre notre rythme de travail, pour Célie l’enseignement à l’Ecole Aujourd’hui et pour moi la recherche au labo d’Orsay. Se pose la question de qui va s’occuper d’Alice.

 Une amie de Célie, qui a une fille âgée d’un an, nous dit qu’elle la fait garder dans un appartement voisin par une dame de cinquante ans.

Nous lui confions nous aussi notre fille. Après quelques semaines, la nounou nous annonce qu’Alice ne dort plus du tout. Le symptôme est clair : à chaque fois qu’elle met Alice « à dormir » et s’occupe de l’autre enfant, Alice en tire la conclusion qu’on voulait se débarrasser d’elle et refuse de dormir.

Nous essayons de résoudre ce problème en confiant Alice à d’autres personnes, mais sans succès : nous avions fabriqué un bébé qui ne dormait pas.

Cela nous inquiète et nous commençons à faire une obsession de ce problème. Je me mets à chronométrer le temps maximal pendant lequel nous acceptons de laisser Alice pleurer avant de rentrer dans sa chambre et de la prendre dans les bras. Pour Célie, ce temps était toujours inférieur à 30 secondes, et pour moi, 40 secondes.

 Une nounou pas comme les autres.

A la recherche d’une nouvelle nounou, Célie pose une annonce sur un panneau qui liste les jobs pour étudiants étrangers à son école. La première personne qui se présente est TTBA, une jeune Allemande athlétique et séduisante, qui gagne sa vie en faisant des vidéos pornographiques « hardcore », dont elle est la star incontestée.

Nous la prenons à l’essai. Elle fait danser Alice sur son berceau et cela lui est bien égal qu’Alice dorme ou pas. Alice comprend alors que ses cris et ses pleurs ne lui permettent plus de contrôler le monde, alors elle s’arrête.

TTBA abandonne les tournages de vidéos X pour se concentrer sur la garde d’Alice, qui la rémunère mieux. La chaîne pornographique, privée de sa star, s’effondre.

Alice est gardée par TTB pendant un an et demi, dans notre petit deux pièces, caché au bout d’une allée rattachée à la rue Campagne Première.

Nous l’inscrivons ensuite sur la liste d’attente de la crèche municipale située Boulevard de Port-Royal, à 500 m de chez nous. Lorsqu’une place se libère, nous y amenons Alice d’abord à mi-temps, puis à plein temps, espérant lui offrir une transition douce vers le monde des collectivités.

Elle fréquente la crèche pendant un an et demi puis nous achetons à crédit un appartement de trois pièces, au coin de la rue Daguerre et Alice entre à l’école maternelle de la rue Boulard.

TTBA retourne en Allemagne. Alice la reverra deux ans après, lors de notre passage à Cologne au marché de Noel (1982).

L’anglais comme langue maternelle

Alice commence à parler lorsqu’elle est à la crèche. Ses premiers mots sont « ça moi » pour déclarer la possession ou l’utilisation d’un objet. Célie est très intéressée par l’apprentissage du langage. Elle utilise un code-couleurs pour enseigner l’anglais aux enfants qui fréquentent l’Ecole Aujourd’hui. Célie échange en anglais avec Alice, la conversation s’enrichit rapidement de nouveaux mots. Alice adopte l’anglais comme langue maternelle, puis devient bilingue en entrant à l’école. A la maison, nous mélangeons parfois les structures grammaticales, sans que cela ne pose de problème de compréhension, par exemple « Regarde la rouge voiture » est une expression banale dans nos échanges.

Alice et Célie en grande conversation.

Une enfant bricoleuse.

Quand je suis à la maison, je bricole. Je construis une maison de poupées pour Alice, et je fabrique tous les aménagements qu’on peut faire avec du bois. Je suis bien outillé. Mon outil principal est un établi du modèle « Workmate ». Il me sert à maintenir en place toutes les pièces que je veux scier, percer, ou ajuster de quelque manière. 

Alice reconnait rapidement l’importance de cet établi, et elle s’y installe pour m’aider. Elle ne sait pas encore marcher, mais elle sait reconnaître une clef plate, un tournevis normal et un tournevis cruciforme. Il me reste de cette époque le souvenir d’une fusion entre nos intérêts.

Plus tard, après le brassage culturel de la crèche puis de l’école maternelle, Alice oublie ses compétences en bricolage et elle se tourne vers les centres d’intérêt de ses copines : poupées Barbie et petits poneys. Elle reviendra au bricolage bien des années après.

Alice sous l’établi « Workmate » que j’utilise pour tous mes bricolages

1981 : Alice et le jardinage

Habitant Paris, les plantes et le contact avec la terre nous manquent. Sur le conseil d’un voisin nous prenons en location un jardin familial situé près des pistes de l’aéroport d’Orly. Nous y faisons pousser des carottes et des fraises. C’est amusant. Mais le trajet pour y aller prend presque une heure, aussi nous y allons seulement une fois par semaine, le samedi.

Au printemps quand les plantes poussent rapidement, mais les mauvaises herbes aussi, il faut descendre au jardin tous les jours. Nous n’avons pas cette disponibilité et nous chargeons le voisin de s’en occuper. Nous essayons de compenser cette frustration en passant des week-ends à la campagne dans des gites qui offrent un bon contact avec la nature, tel que celui de la Ferme du Paradis.

Alice découvre le monde des plantes et celui des animaux.

Le chien découvre de nouvelles odeurs

Noël 1982 : A la gare de Cologne

En rotation  dans le sens des aiguilles d’une montre : avec Celie, au marché devant la cathédrale de Cologne et à la gare de Cologne.

1986 : maquillage

Nancy B. est une amie de Célie. Elle est américaine. Elle organise des ateliers de maquillage pour les jeunes enfants. Alice a 7 ans environ lorsqu’elle participe à deux de ces ateliers. Elle se maquille d’abord le nez et le menton, puis les joues et le front, puis les lèvres. Le résultat final est impressionnant. C’est une bonne idée pour aller fêter un anniversaire mais pas question d’aller à l’école ainsi.

  Une image contenant horreur, personne, Visage humain, masque

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Maquillage  ou peintures de guerre ?Alice  a 7 ans (environ) (1986 ??)

Vers 1990 : Alice et Camille à La Licorne

Quand Alice a environ onze ans et elle s’intéresse beaucoup aux chevaux. Elle fréquente le poney club « La Licorne » avec d’autres enfants du Centre Aéré de la Faculté des Sciences d’Orsay. Parmi ces enfants il y a Camille. Elles deviennent très amies mais hélas Camille va déménager à Marseille peu après leur rencontre.

Alice et Camille au poney club La Licorne

1994 : le cheval perdu

     Quand Alice a quinze ans, elle fréquente des centres équestres en France et en Suède. Je me souviens d’une journée pendant laquelle nous explorons une partie de la Scanie où chaque maison a une écurie avec un cheval dedans. Alice parle avec un propriétaire de chevaux qui possède une écurie et un manège. Elle fait trotter un cheval dans le manège, et elle le monte pour faire un petit tour dans la campagne. Elle rentre au manège et prend soin du cheval. Puis elle vient me faire part de ses succès. Soudain elle pâlit : « j’ai oublié de fermer la barrière qui contrôle l’accès au manège ».

      Nous retournons au manège et le cheval n’y est plus, il est parti se promener dans les environs. Le propriétaire du cheval est absent, nous avons l’après-midi pour rattraper un cheval et le ramener à son écurie. Cette tâche me semble impossible, mais les personnes à qui nous parlons nous disent que les chevaux échappés sont toujours retrouvés. Effectivement, au bout d’une heure le cheval est localisé et son propriétaire part le chercher.